Chers habitants, chers collègues,
Comme rappelé dans cette délibération le taux de pauvreté à Nantes Métropole s’élevait à 11,9 % en 2020. Pour le territoire herblinois, cela représentait 7 360 personnes en situation de pauvreté monétaire particulièrement dans les deux quartiers de Bellevue et du Sillon. En 2024 la situation ne s’est pas améliorée. Nous ne pouvons donc que nous féliciter que Nantes Métropole et notre ville contractualisent avec l’Etat dans le cadre du Pacte des Solidarités.
Mais nous trouvons que ce Pacte a un arrière-goût d’ironie : l’Etat le vend comme une preuve de sa volonté d’agir mais en même temps il fait des coupes budgétaires massives, injustes, terribles pour les plus pauvres. L’État donne d’une main, il enlève de l’autre.
D’ailleurs, le 28 mars a eu lieu le congrès annuel de l’Union Nationale des CCAS et une fois encore les élus ont multiplié les appels à renforcer la lutte contre la pauvreté. Ils ont exprimé leurs vives inquiétudes sur les coupes budgétaires annoncées. Ils ont insisté sur, je cite, « l’enracinement, l’approfondissement et l’élargissement de la pauvreté en France. » Les CCAS savent qu’ils vont devoir affronter des difficultés avec une baisse des moyens et une hausse des situations dramatiques. Avec les Maires, ils sont donc bien en 1ère ligne face aux crises. Mais contrairement à l’Etat, eux doivent gérer cela avec des budgets à l’équilibre.
Je me rappelle d’un temps pas si lointain où nous avons voté dans cette assemblée un vœu intitulé « projet de loi du plein emploi et contre l'exclusion et la pauvreté » et que le groupe Entendre et Agir, représentant de la minorité présidentielle, avait refusé de voter, revendiquant que ce vœu ne concernait pas la vie locale. Pourtant, nous comprenons toutes et tous ici que notre ville doit pallier le délaissement par l’Etat de ses enfants pauvres. J’aimerais d’ailleurs savoir comment se positionne M. ANNEREAU, élu Renaissance siégeant au Conseil d’Administration du CCAS de Saint-Herblain, quand ces constats sont faits.
Prenons quelques fiches-actions ici présentées et qui seront mises en œuvre par la ville dans le cadre du Pacte des Solidarités.
Tout d’abord, les fiches-action du Référent Parcours Santé et du Point écoute pour les parents et les jeunes : on y parle d’espaces de paroles, de décrochage scolaire, de mal-être, de parentalité, de santé mentale…
En parallèle, nous avons notre Ecole MANDELA que l’Etat refuse de passer en Ecole prioritaire. Les petits élèves partent donc défavorisés dans leur parcours scolaire, multipliant ainsi les risques pour eux de se retrouver public cible d’un futur Pacte. Ironique, vous ne trouvez pas ?
De même, nous subissons depuis des années des délais de rdv furieusement longs dans les lieux de soin en santé mentale avec un service public qui se délite. Les maladies mentales, les souffrances ne sont plus diagnostiquées à temps. Le 1er Ministre a annoncé une refonte du dispositif « mon soutien psy » pour l’été, mais bon courage pour trouver des professionnels de santé ! La semaine dernière, il a décrété l’état d’urgence sur la santé mentale de nos jeunes.
On a l’habitude des effets d’annonces de ce gouvernement, on attend de voir. Mais j’ai bien peur que son ministre-écrivain de l’économie ne l’attende au coin du bois avec sa calculette.
Pour résumer, l’Etat va soutenir financièrement des actions de ce pacte qui tenteront de combler les manquements liés aux diminutions de moyens… de son fait et liés à ses non-choix en matière de santé publique ou d’éducation.
Autre exemple : la fiche-action Mobilité seniors : avec cette fiche-action, la ville donne une réponse parmi d’autres aux enjeux majeurs en soutenant l’autonomie et l’accompagnement de la perte d’autonomie des personnes âgées.
Pendant ce temps, la loi dite « Grand Age », promise par le Président Emmanuel MACRON lors de son 1er mandat, est au point mort. Le 1er Ministre a -à peine- effleuré le sujet lors de son discours de politique générale. Le Parlement a définitivement adopté fin mars une loi pour le « bien-vieillir », sans masquer ses inquiétudes concernant l’avenir du secteur de l’autonomie. Cette loi est insuffisante à en lire les parlementaires eux-mêmes. Pourtant, d’ici une décennie, nous allons connaître un choc du vieillissement de la population. Les Départements -dont c’est aussi une compétence- sont exsangues, l’Etat les ayant rendus dépendants des recettes du marché de l’immobilier. Et nous savons que ce dernier ne va pas bien. Les promesses de la Ministre Aurore BERGER en 2023 vont sans aucun doute subir les coups de rabot budgétaires du Ministre Bruno LE MAIRE qui risquent de tuer dans l’œuf cette loi pourtant indispensable.
Je ne vais pas reprendre toutes les fiches-actions car je dépasserai mon temps de parole. Mais je tiens à dire ceci :
Il est dit que les Hommes politiques gouvernent pour les élections futures et que les Hommes d’Etat gouvernent pour les générations futures. Aujourd’hui nous sommes dirigés par des hommes et femmes politiques à la vision court-termiste : ne rien faire coûtera plus cher à terme que d’investir aujourd’hui dans l’enfance, la jeunesse, l’éducation, nos aînés, l’insertion, le social. On nous pond tous les 4 ans des pactes, et pourtant la pauvreté s’enracine chez les jeunes, chez les travailleurs, chez les privés d’emploi, chez les aînés.
Les coupes sombres budgétaires qu’on nous impose pour plaire aux agences de notation et parce que notre Ministre de l’économie a pêché par orgueil en tablant sur des prévisions trop optimistes (ce n’est pas faute de l’avoir prévenu) vont nous revenir comme un boomerang en pleine figure. Le constat est amer : nous payons cash notre politique budgétaire chaotique depuis quatre décennies accentuée par le critère des 3 % de déficit budgétaire imposés par Maastricht. Les gouvernements successifs depuis des années détricotent nos politiques de solidarités. Un pays ne peut pas être fort quand une immense partie de son corps souffre.
Aujourd’hui, je vous le dis, ma colère est immense. Dans le cadre de mon travail dans l’insertion professionnelle, je constate l’abandon dont souffrent les plus précaires, je constate que nous ne sommes plus en capacité de répondre aux besoins tant ils sont nombreux. Je vois le mal-être des associations, des bénévoles épuisés par les baisses de moyens et les hausses des difficultés, par les injonctions contradictoires permanentes de l’Etat. Je vois aussi la souffrance et l’incompréhension des professionnels et des acteurs de l’insertion, du social, du logement... Ils se sentent impuissants face à un Etat hermétique et injuste. Car on tape sur les plus pauvres et les plus fragiles.
Le sentiment d’injustice et celui de déclassement sont de très mauvais conseillers chez l’électeur. J’espère que nous n’en verrons pas les résultats lors des prochaines élections mais je le crains. Nous voterons donc cette délibération en soutien de l’action locale envers les plus fragiles.