Monsieur Le Maire, Chers collègues, Chers habitants,
Connaissez-vous l’acronyme N.I.M.BY ? « Not In My BackYard » ou « Pas Dans mon Jardin » dans la langue de Molière ? Ce terme désigne l’opposition d’intérêts privés à l’implantation à proximité de leur domicile d’un équipement destiné à satisfaire des besoins collectifs. Stricto sensu, on parle de NIMBY lorsque le seul problème est celui de la localisation et que le caractère globalement positif de l’infrastructure n’est pas contesté par les opposants. Lors de la réunion publique au sujet du TIT, nous étions en plein dedans avec malgré tout, pour certains, et j’y reviendrai, quelques variantes inquiétantes.
L’installation de ce camp suscite des questionnements tout à fait légitimes de la part des habitants concernés et ne pas les entendre est une faute politique. Ainsi, c’est une fois encore le manque de communication auprès des habitants qui engendre les malentendus et les incompréhensions. La consultation bien en amont n’a semble-t-il pas été faite ou alors pas perçue -ce qui revient au même- muant ainsi les inquiétudes en certitudes et les interrogations en contestation.
Pourtant, ce projet nous le soutenons. Nous le soutenons car nous ne pouvons plus tolérer les bidonvilles sur notre commune. Conditions de vies intolérables pour ces familles souvent sous le joug de mafias et nuisances usantes pour les Herblinois. Il est enfin temps de mettre en place des outils pour leur intégration, pour ceux qui sont volontaires, dans un parcours d’insertion avec le logement, la santé, la scolarisation et l’éducation, l’emploi. Evidemment, et en cela la réunion publique a été riche, cela demande que tous les acteurs publics et associatifs travaillent ensemble : l’État et le Département de Loire-Atlantique ont aussi un rôle prépondérant dans la réussite du projet. Et nous espérons que les moyens alloués par l’État pour la police/justice -enquêtes en lien avec la Roumanie par exemple- et ceux alloués par le Département pour tout ce qui touche au travail social et à l’insertion seront à la hauteur. Je ne vous cache pas qu’après avoir visité un des TIT sur notre Métropole nous serons avec Sébastien attentifs à ce que les moyens soient supérieurs. Car nous devons tirer les enseignements des 1er TIT pour améliorer le projet.
Pour terminer, je voudrais répondre à ceux qui ont tenu des propos pour le moins ignobles pendant la réunion publique (oh ! je vous rassure de manière timide au sein du public) ou sur les réseaux (ils se reconnaîtront) : vous feriez quoi, vous, si vous dirigiez la ville ? Quelle solution proposeriez-vous ? Quels outils utiliseriez-vous ? Quelles seraient vos propositions ? Et à ceux qui ont voté la main sur le cœur le plan de sans-abrisme de Nantes Métropole (je pense à M. Annereau) : pourquoi ne pas exprimer votre soutien au projet ? C’est pourtant nous semble-t-il un projet humaniste mais qui ne nie pas les problèmes liés à ces bidonvilles.
Je cite ce que j’ai lu il y a peu et qui reprend ce que j’ai aussi entendu : « Pour l’intérêt de tous, des habitants et de ces gens-là qui seront exposés au regard de tous, un lieu plus en retrait aurait été souhaitable et le maire ne pouvait ignorer quelle serait la réaction des habitants de ces beaux villages qui bien entendu ne vont pas se laisser faire. Choisir cet endroit c’est aussi un moyen comme un autre de désigner ces habitants comme étant ceux qui refusent la présence de cette population (…) Pourquoi un emplacement 4 étoiles pour si peu de Roms au lieu d’endroits plus adaptés et permettant d’en accueillir beaucoup plus ? ».
Ces "gens-là" sont des hommes, des femmes, des enfants. Les mettre à l’écart de vos yeux revient à les bannir, et c’est odieux. Et non, pour en avoir visité, ce ne seront pas des logements 4 étoiles, ce sont des logements temporaires. Et non, nous ne pensons pas que les habitants qui s’interrogent soient à désigner. C’est vous qui le leur faites croire parce que cela vous aide à moudre votre grain, celui de la haine et de la division.
Je vous remercie. Catherine MANZANARES et Sébastien ALIX
