Ces derniers jours, la question de la baisse de participation aux différentes élections a été abordée par une ministre dans une tribune publiée dans l'Opinion ; pour elle, « les jeunes délaissent le vote ». Et un jeune député de Loire-Atlantique (LFI/Nupes) a reparlé de la « grève civique » qui touche la France aux élections lors d'une intervention en commission ; pour son parti « c’est une insurrection froide contre toutes les institutions du pays ». Ils affirment donc avec une sérénité affligeante que nous vivons une crise démocratique et que le peuple en est responsable. Nous contestons leur constat. Notre démocratie n’est pas en crise. C'est l'écosystème politique français et européen qui est malade. Et si insurrection il y a, c’est contre celles et ceux qui dirigent les institutions. L’exprimer ouvertement obligerait ces élus prisonniers de leurs ambitions personnelles à s'interroger sur leur propre responsabilité au fil des ans dans ces fiascos successifs aux urnes. Cela obligerait les élus carriéristes de tous bords, nationaux et locaux, à nous dire qu'ils sont justement la cause réelle et sérieuse du problème. Le peuple, lui, demande à pouvoir refaire confiance en ses élus car il croit en la démocratie mais se sent trahi. La délégation du pouvoir donnée aux élus par le vote n’est plus respectée. Les vainqueurs des urnes s’assoient sur les promesses faites. Une fois élus, ils font de l'entre-soi, lancent des consultations même plus convaincantes car de façade et le peuple se sent abandonné. Au lieu de nous culpabiliser par un discours moralisateur, ces mêmes élus de tous poils devraient ausculter leurs propres comportements et se concentrer sur leur mission. Qu’ils arrêtent d'infantiliser le peuple, ce dernier sait bien ce qu'il veut. Il ne veut plus qu'on lui parle de sujets sociétaux, il réclame que ses élus répondent aux vraies questions : l'amélioration de son cadre de vie, la possibilité de vivre dignement et la liberté de choisir ses combats.
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