En Conseil Municipal du mois de février, un voeu demandant l'abrogation de la loi dite « Asile Immigration » a été proposé ; ce voeu était à l'initiative du groupe Saint-Herblain en Commun et amendé par la majorité municipale. C'est cette version amendée que nous avons votée. Car nous pensons que :
non les frontières ne peuvent être ouvertes sans conditions, et ce voeu parle de réflexion collective autour d'une politique d'accueil et de régulation des flux migratoires en partenariat avec les pays à l'origine des migrations et les institutions internationales.
oui les propositions de la droite qui ont été retoquées sont populistes, inquiétantes.
oui cette loi est un effet de communication vide de sens et ne répond en effet ni aux causes, ni aux conséquences.
oui nous voulons que les personnes qui arrivent en France puissent vivre dans la dignité mais aussi qu'elles respectent nos lois. Nous reconnaissons que la ville y travaille dans la limite de ses compétences.
Nous savons que nous aurons de plus en plus à accueillir des réfugiés climatiques, économiques, politiques. Hélas avec des lois de ce type, et des débats hors-sol, le pays ne s'y prépare pas. Beaucoup sont trop occupés à regarder les élections prochaines. D'ailleurs, quant aux représentants de la minorité présidentielle dans notre ville, que disent-ils à ce sujet quand ils font du porte-à-porte lors de leur nouvelle campagne qui vient de débuter ? Osent-ils dire que la décision du Conseil Constitutionnel de censurer cette loi est une claque pour le Président de la République ? Nous n'oublions pas que ces mêmes représentants de la dite minorité présidentielle sont les rois du double salto arrière.
Nous avons aussi écouté attentivement les réactions du conseil municipal de Nantes qui présentait la veille un voeu sur le même sujet. Car n'oublions pas que la Métropole est prédominée par les mêmes élus que ceux du conseil municipal de Nantes ; il est donc important de rester en veille sur les enjeux politiques qui se dessinent dans la ville capitale. Et nous avons été atterrés par les interventions des élus écolos.
Il y a quelques jours, Claude Malhuret a prononcé un discours devant le Sénat. Nous vous conseillons de l'écouter. Car après avoir démontré fort justement le danger de l'extrême-gauche telle que nous la connaissons aujourd'hui sous les traits de J.L. Mélenchon, il prononce la chose suivante : " L'échec de la NUPES n'est pas qu'une bonne nouvelle ; le danger s'est déplacé dans une extrême-droite qui se renforce en proportion du déclin de son rival ; porosité qui prouve que ce qui les rapproche est infiniment plus fort que ce qui les sépare." L'intervention des écolos nantais ne contredira pas M. Malhuret.
En effet, certains propos ne font que renforcer une extrême-droite qui se tait, et qui attend patiemment. Une fois encore tout « extrême-droitiser » nous emmène droit dans le mur : quand enfin le comprendront-ils ?
Tout d'abord, il faut rappeler l'échec de la politique africaine de la France et de ses conséquences sur la question de l'immigration. En effet, en 2023 un nouveau paradigme s'est imposé en Afrique : celui du rejet des universalismes occidentaux, à commencer par la démocratie. Et notre pays en porte une grande responsabilité. En 1990 lors du sommet franco-africain de La Baule , François Mitterrand, alors Président, conditionna l'aide de la France à l'introduction du multipartisme, véritable injonction de nature néocoloniale. Le continent africain connut une cascade de crises et de guerres et une déstabilisation générale. Trente ans plus tard, la démocratie qu'il diagnostiquait comme le remède aux maux du continent n'y a apporta ni développement économique, ni stabilité politique et encore moins sécurité ; l'Afrique se tourne donc peu-à-peu vers des pouvoirs autoritaires qui dépouillent leurs propres citoyens et vers de nouveaux alliés peu recommandables comme la Chine et la Russie, chère au coeur de M. Mélenchon et de Mme Le Pen (tiens donc un point commun !), modèles et soutiens hostiles au modèle nord-atlantique. Il serait bien de dénoncer aussi ce que cela implique car ces deux impérialismes achètent les terres africaines, et affirmons-le colonisent à leur tour.
En 2023 la migration de masse déferlant sur l'Europe a encore augmenté, conséquence d'une démographie africaine devenue folle, interdisant tout développement, exacerbant les conflits et poussant les habitants au départ. Sans compter que le réchauffement climatique frappe ces terres, ces hommes et ces femmes avec violence.
Dans ces conditions, l'aide au développement est inefficace, tout progrès étant immédiatement avalé par la démographie qui crée automatiquement de nouveaux besoins et qui provoque les migrations massives qui se déversent sur l'Europe vidant ces pays de leurs élites. Ces mêmes élites qui seraient si utiles à leur pays.
En second point, comme le rappelle Bassem Asseh dans une note co-écrite de janvier 2024 pour la Fondation Jean Jaurès : « depuis Jaurès et le Front populaire et jusque dans les années 1970, la position historique de la gauche était de réguler l'immigration. C'est-à-dire de contrôler le flux de travailleurs étrangers arrivant en France, de façon à leur garantir les mêmes droits et les mêmes salaires que les travailleurs nationaux. »
Oui mais voilà . Dans les années 80 , avec François Mitterrand, encore lui, le Parti socialiste a renoncé à ses principes pour arriver aujourd'hui au « sans-frontiérisme » et à l'abandon des classes populaires. Pour les écolos, aujourd'hui, la régularisation systématique est leur missel. Ils veulent ouvrir les frontières à tout-va. Pourtant...
Pourtant, nous voyons tous les jours ce que le manque de moyens pour l'intégration de celles et ceux qui arrivent ici cause comme dégâts humains : l'enracinement dans la pauvreté est là avec des politiques logement, sociales catastrophiques. Les livreurs à vélo, ces nouveaux esclaves, en sont le symbole, les mamans solos des quartiers en sont les victimes. Et quelle surprise de voir dans le journal juste avant notre conseil municipal que les écolos herblinois ont repris les propos du MEDEF et sa recherche de travailleurs. Alors que nous savons pertinemment que certains secteurs y voient surtout l'opportunité d'une arrivée de main d'oeuvre bon marché. Les classes populaires vont en souffrir les premières.
Pourtant, nous voyons tous les jours ce que le manque de règles, le manque de sévérité sur le non-respect de nos grands principes républicains, causent comme dégâts humains. Les professeurs en sont les témoins, les trafiquants en sont les profiteurs. Car c'est bien beau de tirer sur l'extrême-droite mais ils oublient de dire si les mauvais prennent la place car c'est bien parce qu'elle est vacante.
Car d'un côté, une bonne partie de la gauche a préféré pour des questions électoralistes se fiancer avec une extrême-gauche moralisatrice et braillarde, sans autre projet que de diviser ; d'un autre côté, la droite en manque d'amour et de charisme a choisi de faire de l'oeil à une extrême-droite discrète et fourbe. Laissant le champ libre à un Président Macron hermétique aux critiques de se servir du Conseil Constitutionnel comme d'une cour de cassation. La méthode est détestable. On le paiera cher, très cher et on risque de voir Macron passer le relais à Le Pen comme Obama l'a passé à Trump ou encore Draghi à Meloni.
Nous voudrions terminer cette tribune par les mots du Grand Rabbin de France Haïm Korsia qui dans son ouvrage Réinventer les Aurores écrivait ceci :
« L'expression de la diversité des opinions doit pouvoir faire émerger un Bien commun où chacun accepte qu'une part de sa vérité meure pour faire place à la vérité de l'autre. C'est cela, le rêve républicain.
Or, ce rêve est aujourd'hui menacé par des forces centrifuges, issues du coeur battant de notre société elle-même, privée de boussole et, surtout, rétive à l'espérance qui conditionne notre capacité à bâtir l'avenir. C'est pourquoi, à l'heure où la crise morale et matérielle semble nous guetter de toutes parts, où certains tentent néanmoins de refaire le monde et refusent de céder au poids des fatalités, je veux proposer un plaidoyer pour la fraternité, une politique de la jubilation et du bonheur retrouvé».
