Monsieur Le Maire, chers collègues, Chers Herblinois,
Nous voterons cette délibération car il faut que les parents herblinois aient des solutions de garde pour leurs petits et nous savons tous que la demande est beaucoup plus forte que l’offre. Mais pour être francs nous le faisons sans enthousiasme car il est évident que la Délégation de Service Public revient donc à privatiser un service public : la ville délègue l’activité de la crèche à un prestataire dont le seul objectif est de faire des bénéfices. Il est à noter que le premier actionnaire de Babilou Family est Antin Partners qui gère quatre fonds d’investissement en infrastructures en Europe et en Amérique du Nord.
Ce choix de privatiser trouve peut-être ses racines dans le ratio dépense de personnel/dépenses réelles de fonctionnement. En effet, entre 2020 et 2021 ce ratio, qui traduit le poids des ressources humaines dans le montant des dépenses de fonctionnement, est passé de 72.28 % à 75.06 % pour être en 2022 de 71.63 % (mais avec une augmentation des dépenses de fonctionnement de +8.2 %). Or, les dépenses de personnels sont considérées comme étant difficilement modulables. Ainsi, la Délégation de Service Public permet de ne pas alourdir le poids des dépenses de personnel déjà très élevé pour notre commune.
Cette délibération est aussi l’occasion d’évoquer le SPPE -le Service Public de la Petite Enfance- et le plan d’urgence de Mme Borne sorti ce mois-ci. Les jeunes enfants français disposent actuellement de 770 000 places auprès d’assistantes maternelles et en théorie de 458 000 places en crèche ; hélas faute de personnel suffisant, le seuil maximum ne peut être atteint. L’État a annoncé vouloir mobiliser 5,5 milliards d’euros pour créer 200 000 places de garde d’enfants supplémentaires d’ici à... 2030. Dans 7 ans donc.
Une fois encore ! Une fois encore le gouvernement agit dans l’urgence. Il aura fallu un rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) mettant en exergue des cas de maltraitance en crèches avec des témoignages édifiants pour qu’enfin des annonces soient faites concernant le SPPE. Pourtant le rapport de Sylviane GIAMPINO de 2016, il y a donc 7 ans, faisait déjà des préconisations pour permettre aux parents de concilier vie familiale et vie professionnelle et de garantir le bon développement de l’enfant. Laurence Rossignol, Ministre de l’époque sous le gouvernement Hollande, et qui se félicitait du rapport, n’a pas eu le temps de réagir, fauchée comme ses amis par l’arrivée de la vague du « en même temps ». Quant aux successeurs, le besoin de marquer l’Histoire leur a fait préférer refaire leurs propres mémos et autres rapports pour en tirer...les mêmes conclusions.
Une partie de la présentation du plan de Mme Borne a retenu notre attention dans un article de presse : « Les communes seront désignées comme autorités organisatrices de l’accueil du jeune enfant. L’objectif est de développer les modes de garde sur le territoire en donnant davantage de responsabilités, et donc de moyens financiers, aux communes qui n’ont aucune compétence obligatoire en la matière. Elles auront pour mission de déterminer plus précisément les besoins afin de faciliter la vie des parents et surtout, de leur offrir davantage de choix pour faire garder leur enfant. » Mes questions d’adressent donc à vous M. Le Maire : avez-vous eu des informations à ce sujet par les services de l’État ? Connaissez-vous les moyens qui vous seront alloués ? La possibilité sera donnée aux communes de transférer cette compétence non obligatoire à l’EPCI du secteur : avez-vous des informations à nous communiquer à ce sujet ?
Je rajouterai, en lien avec le début de mon intervention, que le privé se frotte déjà les mains si j’en crois le communiqué de presse de Babilou Family qui félicite Mme Borne de ce plan - vous pensez bien- et explique être aux côtés du Ministre J-Christophe COMBE pour « avancer sur tous ces chantiers passionnants. » Tiens donc...
Autre donnée importante de ce plan d’urgence : nous manquons aujourd’hui de 10 000 professionnels. La situation est problématique à tel point que depuis le 31 août 2022, les établissements peuvent user d’une dérogation leur permettant de recruter des personnes non titulaires des qualifications requises jusqu’à cette date. Une manière pour l’État de répondre à la pénurie de personnel. Mme Borne propose donc que la formation des professionnels de la petite enfance soit réétudiée et un nouveau socle de compétences commun de la filière élaboré. Vous allez rire : cette mesure était déjà préconisée dans le rapport Giampino de 2016. Que de temps perdu !
Et vous allez dire que je suis taquine, mais dans son communiqué de presse, Babilou Family en profite aussi pour vanter les honneurs de son école de puériculture.
Enfin, je rappelle que France Travail arrive à grands pas, que le conditionnement du RSA est en place à titre expérimental sur notre Département, celui-ci ayant été volontaire, et que nous nous dirigeons lentement mais sûrement vers un monde de l’insertion par l’emploi subordonné à la sanction. Or, le défaut de mode de garde est le premier motif de non reprise d’activité avec les problèmes de mobilité. En ne mettant que des rustines depuis des années sur ce sujet, l’État prive d’emploi les personnes. L’inaction de ce gouvernement, comme celle de ses prédécesseurs, empêche les demandeurs d’emploi d’accéder à l’emploi car il ne répond pas à ses obligations de service public. 40 % des enfants n’ont aucune solution d’accueil à ce jour.
Je vous remercie. Catherine MANZANARES Groupe Saint-Herblain d’abord !
https://www.lefigaro.fr/societes/le-fonds-antin-au-capital-des-creches-babilou-20200807 Les frères Carle, fondateurs de l’entreprise, restent présents au capital, de même que les fonds Raise et TA Associates. Mais ils laissent leur position de premier actionnaire de Babilou Family à Antin Partners, tout en continuant de diriger l’entreprise et en conservant leur place de coprésidents du conseil d’administration.