Monsieur le Maire, Mes chers collègues,
Comme le savent déjà certains dans cette salle, avant d’être un élu politique, j’ai eu un passé de syndicaliste à la tête de la CFTC de Loire-Atlantique pendant 10 années.
La question du travail dominical et ses dérogations, notamment au moment des fêtes de fin d’année, pour le petit commerce de centre-ville voire de bourg est devenu un marronnier annuel depuis 2014. Je reste très attaché au respect du principe du repos le dimanche qui n'est pas incompatible avec les exceptions de bon sens, comme celles qui existent pour les commerces de proximité, les marchés traditionnels, les cafés-restaurants, les cinémas, les transports... Mais l'intérêt mercantile à court terme de quelques grandes enseignes ou bien des sites en ligne sur internet ne saurait prévaloir sur ce temps collectif essentiel pour la vie familiale, personnelle, associative et spirituelle.
En 2014, en tant que Président de la CFTC de Loire-Atlantique, j’avais écrit dans un communiqué de presse : « le Rubicon a été franchi par Johanna Rolland et même pire, le Cheval de Troie de la Grande Distribution va pouvoir s’engouffrer dans cette porte ouverte dans les prochains mois pour faire pression sur les élu(e)s pour que cette décision s’élargisse au détriment des salarié(e)s du commerce. ». Et puis dans une tribune qui avait pour titre provocateur Liberté, Egalité, Fraternité … Commerces ceci : « Nous savons que le Travail du Dimanche servira d’abord les intérêts des grandes enseignes. Malgré les termes de l’accord munichois du 13 novembre dernier qui prévoit que « le périmètre se limite bien aux seuls commerces de centre-bourg et centre-ville en excluant les grandes surfaces », cette brèche ouverte permettra à la grande distribution dans les prochains mois et années, aidée par le législateur, de demander l’ouverture de leurs enseignes le dimanche par soucis d’égalité. »
Depuis cette date, les choses ont évolué. La CFTC, malgré mon opposition, a rejoint la position commune sur ce dossier, le législateur est passé par là avec les zones touristiques et l’élargissement des dérogations. Cela se voit sur notre territoire. La grande enseigne du hard discount allemand LIDL ouvre les dimanches matins dans le secteur de Bellevue, AUCHAN sur le secteur de la Route de Vannes. Il est assez drôle que pour cette dernière enseigne, le directeur de ce supermarché fut le signataire pour le MEDEF de l’accord quelques années plus tard pour l’ouverture dominicale de commerces de centre-ville.
Le Groupe Saint-Herblain d’Abord s’interroge aujourd’hui de l’utilité de cette délibération. En effet, la COVID est passée par là et nous constatons tous une augmentation des achats en ligne au détriment des petits commerces et de la grande distribution.
Le dimanche 28 novembre dernier où les boutiques de centre-ville étaient ouvertes pour tenter de contrecarrer le Black Friday n’a pas été un succès. Les achats en ligne ont explosé, ils mettent par l’utilisation de puissants serveurs énergivores d’électricité la planète en danger et aussi en péril les conditions de travail désastreuses, déplorables la santé des salariés de ces plates-formes d’achat en ligne. Des tentatives comme celle mise en place par la CCI Nantes – St Nazaire avec la plate-forme de vente en ligne subventionnée à hauteur de 630 000€ « Ma Ville Mon shopping » pour encourager l’achat local sont un échec. Preuve que les mastodontes de la surconsommation écrasent tout. Mais pensez-vous sérieusement qu’ouvrir le dimanche va changer la donne ? Pensez-vous que cela va dans le sens de l’intérêt des consommateurs et des salariés ?
Mais notre Groupe comprend aussi l’inquiétude des artisans, de ces petits commerces qui subissent de plein fouet les conséquences du changement de modes de consommation de la population. Pour les plus aisés dans le luxe, pour les faibles revenus d’acheter au moins cher en ligne.
En tant qu’élus de Saint-Herblain, nous devrions nous interroger sur l’évolution de notre centre-bourg, qui à proximité de la zone Atlantis, étouffe et meurt à petit feu. Zone Atlantis qui va de plus profiter d’ici quelques années d’une ligne de tram supplémentaire. Il est grand temps d’envisager d’avoir un élu chargé de ce dossier qui puisse travailler avec les commerçants de notre ville dans l’intérêt de tous. Nous savons les efforts faits par l’équipe actuelle concernant le réaménagement de la Route de Vannes. Mais quid du centre-bourg qui depuis de très nombreux mois subit en plus des travaux ? Nous pensons entre autres à l’épicerie du Bourg qui après 3 ans d’activités doit fermer demain « en raison des confinements, couvre-feux, mais aussi changements d’habitudes et travaux dans le bourg » pour reprendre ses mots. Et il faut soutenir nos petits centres commerciaux de quartier comme ceux de la Crémetterie ou des Thébaudières par exemple qui donnent de la vie à nos quartiers et qui en font leur identité. Ils ont la passion de leurs métiers.
Pour cette délibération, nous émettons donc un avis défavorable.
Merci de votre écoute.
Alix Sébastien
