Monsieur Le Maire, Chers collègues,
Merci pour cette présentation. Et même si la captation des publics féminins est toujours faible, même si les jeunes filles sont sous-représentées dans les ateliers compensés par exemple, je me félicite des progrès en cours. Merci de ne pas les lâcher. L’ADPS n’a plus à démontrer son utilité sur le territoire.
Comme nous l’avions déjà dit l’an passé, nous aimerions cependant des moyens renforcés. Le budget de l’ADPS en 2022 est de 3,4 millions d’euros grâce aux 5 villes membres, à l’État, au Département et à la PJJ. Ce n’est pas tant que ça étant donné l’enjeu. Pour notre ville, 26000€ c’est quoi ? L’équivalent du montant de 1 caméra de vidéosurveillance, à peine 2. Car donner des moyens supplémentaires, c’est investir sur l’avenir de ces jeunes des quartiers qui méritent tout autant que ceux nés dans des familles et des quartiers plus favorisés. Et ce n’est pas renier que le côté sécuritaire doit être aussi renforcé. Question d’équilibre.
Il faut à tout prix travailler sans relâche pour que ces jeunes ne se sentent pas abandonnés, il faut leur montrer que leur avenir peut être synonyme d’épanouissement personnel et professionnel, de réussite dans ou en dehors du quartier, qu’il n’y a pas de fatalité. Ce sentiment d’abandon est aussi à l’origine du basculement dans des comportements délinquants. Il les fragilise au point de croire que la vie sera meilleure avec de l’argent dit « facile » ; pourtant cet argent a parfois le prix du sang. Il les offre en pâture aux systèmes mafieux de la drogue ou de la prostitution. L’actualité sur notre territoire nous montre que des enfants de plus en plus jeunes sont acteurs dans des trafics de drogue organisés. Un gros travail en amont est nécessaire avant ce basculement dans la délinquance. Ainsi, si effectivement l’Etat possède la compétence liée à la sécurité, vous, vous possédez celle liée à la tranquillité publique, et l’ADPS est un bon outil. Des moyens supplémentaires doivent être déployés.
Je terminerai mon propos avec le constat suivant issu des travaux du COMPAS sur la place du travail dans les quartiers prioritaires : les jeunes des QPV sont surreprésentés dans les métiers « ubérisés », (…) les habitants sont les principales victimes de la déqualification et du temps partiel (femmes). Enfin la prime d’activité est proportionnellement plus forte dans les quartiers que dans les autres territoires. En résumé, les habitants des QPV ne vivent pas des prestations mais avant tout d’un travail qui est souvent dur, exigeant et peu rémunérateur. Voilà l’environnement de ces jeunes. Ajoutons à cela que le taux de chômage atteint 15 à 20% à Nantes selon les QPV, comparé à 5,7% sur le Département. Il faut donc tout mettre en œuvre pour inverser la vapeur, pour donner les moyens aux jeunes de s‘émanciper des influences néfastes, pour lutter contre le déterminisme social. Mais l’ADPS n’est pas le seul outil.
Je pense par exemple à la responsabilité des entreprises. Le PAQTE mis en place en 2019 pour favoriser l’accès à l‘emploi des habitants des QPV s’essouffle selon Olivier LAIGNEAU, sous-préfet du Département. Notre département n’a comptabilisé que 89 emplois francs en 2022 contre 189 en 2021. Je lance donc le message suivant aux entreprises en zone franche ou non : quand un jeune des quartiers frappe à votre porte pour un stage de 3ème par exemple pensez qu’en lui offrant la chance de passer une semaine chez vous, vous lui offrez plus que ça. Vous lui offrez de la considération et vous lui montrez qu’il a sa place et de la valeur. Et sans le dire, vous l’aidez à ne pas succomber aux sirènes de l’argent facile.
Les collectivités seules ne peuvent pas tout.
Catherine MANZANARES – Groupe Saint-Herblain d’abord !