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Le silence est d'or

Les revendications peuvent être justes, il n'en reste pas moins que l'organisation de manifestations visant la cérémonie du 8 mai à l'Arc de Triomphe et l'hommage à Jean Moulin à Lyon étaient une profanation, doublée d'un détournement de l'Histoire.

Le 8 mai 1945, le gouvernement du Général De Gaulle conditionnait la réalisation du programme social du Conseil National de la Résistance -le CNR- à la relance de la production et à la reconstruction nationale. Les ministres communistes se chargèrent de porter cette politique dans la classe ouvrière. Produire, créer des richesses, pour ensuite répartir plus justement les fruits du travail. Dès la Libération du bassin minier, en septembre 1944, le député communiste du Nord Henri Martel, dont les deux fils avaient été fusillés par les nazis, appela les mineurs à travailler sans ménager leur peine pour gagner la bataille du charbon. Revenu de Moscou en janvier 1945, le Secrétaire Général du Parti Communiste Français prit la tête de cette mobilisation : "Produire, produire, tel est l'intérêt de la classe ouvrière", et, mieux encore, "la grève c'est l'arme des trusts". Nommé Ministre d'État du Général De Gaulle, tout en rédigeant le statut de la fonction publique, il se chargea de remettre les fonctionnaires au boulot. Le 21 juillet 1945, à Waziers, dans le Nord, Maurice Thorez appela les mineurs à "retrousser leurs manches", autrement dit à travailler plus. Les mineurs travaillèrent jusqu'à 12 heures par jour. Cette priorité à la production fut la règle pour les communistes et pour la CGT jusqu'en 1947. La reconstruction de la France et la relance de la production étaient les conditions de la levée du rationnement et de la mise en place des grandes réformes, dont la création de la sécurité sociale. Le 8 mai 1945, il n'était pas question de revendiquer et de diviser les Français. À peine libérés des Stalags, les prisonniers rapatriés devaient retourner à l'usine, au bureau ou aux champs. Même chose pour les rescapés des camps, qui avaient droit, au mieux, à quelques semaines de soins et de repos.


Les survivants disparaissent, il nous appartient, à nous, de porter leur mémoire.

Il était légitime de manifester le 1er mai, la démonstration des syndicats était magnifique. Mais le 8 mai est un jour de souvenir, d'hommage à la Résistance et aux combattants des forces alliées. C'est un jour d'union nationale, où l'on écoute le Chant des Partisans et la Marseillaise, en pensant à nos aînés... Je suis d'ailleurs partisan de rétablir dans les écoles l'enseignement de ce couplet que nous chantions à la distribution des prix : "Nous entrerons dans la carrière/ Quand nos aînés ne seront plus/ Nous y trouverons la poussière/ Et la trace de leur vertu".


La CGT aurait été mieux inspirée en observant ce jour-là une pause, pour rendre hommage aux syndicalistes fusillés par les nazis, et aux déportés pour fait de Résistance, que furent Georges Séguy et Henri Krasucki, entre autres. Sans oublier aussi les propos d'une parlementaire du groupe EELV qui aurait pu éviter les anachronismes en comparant le combat de Jean Moulin à celui contre la réforme des retraites.


Sébastien ALIX et Catherine MANZANARES



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