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Rapport annuel 2020 de Nantes Métropole

Mesdames, Messieurs, Monsieur le Maire, Chers Collègues,


Nous voudrions commencer par remercier les agents de la Métropole qui durant cette crise sanitaire de 2020 ont su se mobiliser pour la continuité du service public dans des conditions très compliquées. Nous avons lu ce rapport de 295 pages avec attention. C’est, selon nous, un bel exercice d’autosatisfaction. Voici le point de vue du Groupe Saint-Herblain d’abord !.


Déjà, nous constatons à nouveau que la ville-capitale prend une très grande place. Peut-être est-ce dû au fait que la maire de Nantes cumule la fonction de Présidente de Métropole. En attendant, même VALNEVA, grande entreprise herblinoise, devient nantaise dans ce rapport ; rapport introduit par un rappel du pacte métropolitain. Vous savez ce que nous en pensons, Sébastien ALIX et moi avons voté contre l’année dernière.


Une des nombreuses parties de ce livret nous confirme l’image à l’international de la Métropole et le rayonnement de Nantes définie comme, je cite, « la belle endormie qui a su se réinventer en portant un regard décalé sur le monde. » C’est beau… mais quand même loin de ce que vivent les habitants avec leur cadre de vie qui se détériore depuis maintenant de nombreuses années notamment en matière de tranquillité publique. Alors s’il est important que notre Métropole reste attractive -ne nous faites pas dire ce que nous ne disons pas- il est en revanche indispensable de donner aussi envie d’y rester. S’il faut se donner les moyens de ses ambitions, il faut surtout affecter ces moyens au bon endroit.


Venons-en maintenant à la partie sur le tourisme d’agrément et tout ce que Nantes peut offrir en matière d’attractions touristiques. Les Nantais et les communes de la Métropole en sont fiers mais aussi très critiques : le Voyage A Nantes, les Machines de l’Ile, la Folle Journée, l’Arbre aux Hérons, Transfer. De quoi attirer les touristes, certes, mais à quel prix ? Entre des malversations découvertes, des budgets pharaoniques qui s’envolent, qui manquent de transparence, d’autres déficitaires ou peu pertinents écologiquement, des riverains remontés … Ca fait beaucoup ! Or, sur 295 pages de rapport, pas un mot. Alors nous savons que M. BOLO trouve que les élus qui le disent sont des gens tristes qui ne rêvent plus. A titre personnel mes rêves ne sont pas peuplés de projets coûteux et je suis plutôt bien dans mes escarpins ; mais peut-être a-t-il oublié que nous vivons une période compliquée qui demande de revoir l’ordre de ses priorités.



Pour continuer sur ce thème, [1]on nous vante aussi les « quartiers de la Création », comme celui de l’Ile de Nantes, dont l’école des Beaux-Arts en est le cœur. Là encore, la note de 38 millions avec le rachat du bâtiment est sacrément salée. Un projet de plus qui coûte très cher.

Mais surtout il est prouvé dans de très nombreuses métropoles du monde que ces quartiers de la création amènent un phénomène de gentrification, souvent voulu d’ailleurs par les élus. Michel BASIL, Maître de Conférence en Géographie, parle d’une « Forme de stratégie marketing territorial (…) qui s’accompagne d’une gentrification de la population résidente et/ou du tissu économique et commercial. » Ces quartiers chassent les classes populaires notamment en raison de la hausse des loyers. Le verso de la carte postale. Nous pensons aussi au quartier de Chantenay, ancien quartier ouvrier, qui s’est embourgeoisé et où il faut une bonne assise financière pour acheter un logement ou même louer.

Cerise sur le cupcake, en intégrant le critère de la pauvreté dans la Dotation de Solidarité Communautaire, la Métropole prévoit de soutenir financièrement des villes comme Saint-Herblain qui accueillent les populations les plus précaires. Certes, il est plus que temps que la Métropole aide les villes accueillant les populations les plus pauvres, c’est un minimum, mais en résumé la Maire de Nantes gentrifie son fief, confine les classes populaires loin de son centre, et pour faire passer la pilule, finance. En tant qu’Herblinois nous sommes perplexes. Et attristés de voir que jeudi dernier des élus progressistes et démocrates s’en sont félicités souhaitant même la prise en compte de l’accueil des populations migrantes de l’Est et des populations nomades. Nous pensons qu’il serait préférable pour une véritable mixité au bénéfice de tous -qui demande une répartition et non une concentration à quelques quartiers- que toutes les communes de la Métropole, dont la ville-centre, prennent leur part.


Attachons-nous maintenant à la politique de logements : les objectifs affichés d’ici 2030 sont ambitieux. Parmi eux : « Construire 6000 logements neufs par an, réduire de 50% au moins la consommation des espaces agricoles, naturels et forestiers… ». Mais nous savons que cette ambition (qui n’est pas encore à son apogée) crée déjà des tensions. D’un côté, le monde de l’immobilier qui réclame une augmentation du rythme des constructions. D’un autre côté, les habitants déjà installés qui voient leur cadre de vie perturbé par des travaux en permanence et par une modification de leur environnement. Bien sûr, les élus en place sont dans une situation cornélienne avec un arbitrage à faire entre l’étalement urbain et la préservation des espaces. Mais il faut que la Métropole assume : vouloir attirer de nouveaux habitants pourquoi pas, mais il faut le faire dans de bonnes conditions (infrastructures, gestion des déchets..). Cela nécessite déjà de la solidarité entre les 24 communes (je pense aux logements sociaux dont nous manquons cruellement pour lesquels toutes les communes ne prennent pas leur part).

En parallèle, on nous affirme que construire pourrait influer à la baisse le prix des loyers ; or nous savons que ce sont les investisseurs qui en profitent et non les accédants à la propriété. Ce qui fait que les citoyens doivent aller de plus en plus loin pour se loger au-delà des frontières administratives de la Métropole et donc du PLUM augmentant ainsi l’artificialisation des sols ailleurs. Mais bien évidemment impossible d’arrêter l’arrivée de nouveaux habitants (ce n’est pas ce que l’on souhaite d’ailleurs). Nous pensons donc que la solidarité de certaines communes doit être (ré)activée.


Il est incontournable aussi d’améliorer les échanges avec les riverains qui sont conscients des besoins et qui sont au fond solidaires de ceux qui n’arrivent pas à se loger (nous connaissons tous des étudiants en galère, des couples divorcés qui sont obligés de vivre ensemble). Mais ils ne veulent plus être mis devant le fait accompli, les consultations citoyennes n’étant pas toujours bien menées, et être accompagnés dans les désagréments liés aux travaux (je pense aux habitants le long du boulevard Charles Gautier par exemple qui subissent de nombreux désagréments et n’ont aucun interlocuteur). Trop de projets sont accouchés aux forceps et crispent tout le monde. De plus, il y a sans doute un besoin de travailler encore plus à une échelle départementale. L’Alliance des territoires va dans ce sens.

De même, il est dit ici que la Métropole veut être « un territoire de référence pour la transition écologique et énergétique. » Ils doivent être en colère en lisant ça les habitants de logements sociaux –nous pensons par exemple à ceux de Preux- qui souffrent depuis des années du froid et de l’humidité dans leurs logements insalubres parce que mal isolés ou plus adaptés. Il y a urgence (je rappelle que Nantes Métropole est représentée dans les différentes instances des 6 bailleurs sociaux.) Combien d’habitants sur Bellevue se sentent abandonnés, pire transparents. Ils ne savent même pas qui sont leurs interlocuteurs, ils sont envoyés de ville, en métropole, en bailleur social. Avant de devenir « citoyen métropolitain », il faudrait d’abord que chaque citoyen soit considéré comme tel.


Ah ! Autre sujet qui fâche ! Le rapport est beaucoup moins volubile sur l’accueil des gens du voyage et des populations roms dont le chapitre consacré est idéalement glissé dans la rubrique « Egalité Réelle ». Pourtant c’est un sujet important. Concernant les populations d’Europe de l’Est, le tout récent fonds de « soutien de lutte contre le sans-abrisme » métropolitain sera un soutien à certains projets. Mais il y a une dizaine de bidonvilles en permanence sur notre commune, ce fonds ne peut donc être l’unique solution. De plus, si la MOUS arrive à son terme, les habitants ne ressentent pas les bénéfices de sa mise en place. Concernant les gens du voyage, avec Sébastien nous avons fait une tribune à ce sujet. Nous y avons relevé l’abandon de toutes les institutions depuis des années. La défenseure des droits affirme d’ailleurs en 2021 que les objectifs prévus par la loi du 5 juillet 2000 (il y a donc 21 ans !) ne sont toujours pas atteints. Et nous affirmons que c’est parce qu’on laisse ce genre de situations pourrir que l’on donne les conditions favorables à l’émergence d’hommes ou de femmes politiques prêts à mettre le chaos. Nous l’entendons régulièrement sur le terrain.


Quelques mots rapides sur le rapport financier ici donné. A nous d’en faire l’interprétation avec notre niveau de connaissances. Le citoyen lambda doit y être bien perdu. Alors, nous nous sommes référés au compte-rendu de la cour des comptes pour mieux comprendre. Il y est constaté que notre métropole obtient un équilibre financier grâce à une fiscalité élevée, que notre collectivité a des marges de manœuvre étroites, des charges qui augmentent et que les économies sont trop limitées jusqu’à présent[2]. Nous notons que ces derniers jours ont été annoncées des hausses de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères ainsi que la mise en place de la GEMAPI (milieu aquatique, prévention inondations). Et que les niveaux d’investissement vont fortement augmenter.


Il serait cependant injuste de ne pas terminer sur quelques points forts de ce rapport d’activités : l’égalité hommes/femmes est un vrai engagement de la Métropole. Nous avons lu aussi une volonté de prendre en compte les enjeux environnementaux et d’inclusion dans la commande publique dite « durable ». Quant à la culture elle tient une place importante. Nous nous félicitons aussi de la mise en place du FSL (Fonds de Solidarité Logement) ou encore des efforts dans l’accompagnement aux changements dans nos mobilités. Comme vous le voyez, nous avons lu avec attention ce rapport.


Je vous remercie. Catherine MANZANARES



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