En ce début d’année, deux sujets primordiaux préoccupent les esprits de nos concitoyens et ce à juste titre : le dossier des retraites et celui de l’inflation. C’est dans ce contexte particulier et dans un monde où la nuance et les débats construits et constructifs ont disparu qu’il vous faut, comme chaque année, nous expliquer vos choix politiques et leurs implications budgétaires.
Nous avons donc étudié avec attention vos intentions dans ce Rapport d’Orientation Budgétaire et posé nos questions en commission.
Dans ce ROB vous affichez un programme d’investissement ambitieux et notez que vous faites face à des incertitudes sur lesquelles la ville n’a pas la main comme :
-les décisions de l’État en matière fiscale,
-le devenir des contrats de confiance,
-la forte remontée des taux d’intérêts.
Nous nous félicitons donc de la prudence de la majorité dans ses projections financières prenant en compte les données fournies par l’État dans un contexte inflationniste qu’il va falloir traverser en serrant les dents. D’autant plus que nous avons un État peu exemplaire qui demande en revanche de nombreux efforts aux collectivités. Nous rappelons que les budgets des villes doivent être à l’équilibre contrairement à celui de l’État.
Ce ROB, feuille de route de la majorité, illustre logiquement les promesses faites en 2020 par le Maire-candidat. C’est pourquoi nous avons aussi des points de divergence. Cela rassurera sans doute certains collègues ici présents qui chuchotent dans les couloirs que nous aurions franchi le Rubicon pour nous échouer sur sa rive gauche.
Ce ROB illustre donc, je le disais, les promesses de 2020, mais depuis, les années ont passé et surtout les crise sanitaire, sociale et économique. En commission, nous vous avons posé la question suivante : les projets évoqués dans le programme de campagne vont-ils se poursuivre ou la ville va-t-elle prioriser certains projets ? Car il nous semble pertinent de penser que les choix politiques doivent s’adapter au contexte perturbé qu’aucun candidat de 2020 ne pouvait prévoir. Sans doute des projets imaginés il y a 3 ans sont-ils devenus moins prioritaires, et des projets non imaginés il y a 3 ans sont-ils à inventer pour répondre aux priorités nouvelles.
Vous nous avez répondu que vos projets reflétaient vos choix de contribuer à la sobriété et l’efficience énergétiques et à l'aide des publics fragiles. Qui peut aller contre ? Mais alors 1,2 % d’augmentation pour le secteur social, dans ce cas-là, c’est vraiment très très maigre ! Surtout quand on compare aux sommes versées pour des associations de solidarité internationale. Nous rappelons que nous sommes dans une société où les pauvres s’appauvrissent et que l’inflation touche les produits de 1ère nécessité. Il est donc indispensable de soutenir ceux qui portent les solidarités du territoire. Je pense, puisque vous les citez dans votre ROB, à OCEAN et son restaurant solidaire, aux Restos du Cœur ou au Secours Populaire qui font de l’aide alimentaire. Aide alimentaire sursollicitée ces derniers temps et en crise puisque les dons sont en baisse et les demandes en hausse.
De même, on observe aussi une ligne sur un skate-park ou les boulodromes : oui, c’était une promesse de 2020, mais cela reste-t-il, aujourd’hui, prioritaire ? Dans une période comme celle que nous vivons, pourquoi ne pas faire le choix d’axer plutôt les ambitions municipales vers un soutien plus fort aux commerces de notre ville très chahutés ? Pourquoi ne pas mettre quelques orientations sur le périscolaire par exemple. Nous savons que la situation est compliquée pour les inscriptions en centres de loisir, les ALSH. Dans un article de Ouest-France du 31 janvier dernier, vous indiquez que « la ville est bien calibrée au regard de la taille de la population herblinoise et de ce qu’offrent les villes de même strate. ». Vous reprochez à juste titre à certains élus de cette assemblée d’être parfois trop flous et de ne pas donner des faits précis. A notre tour de vous dire ici que nous aimerions alors connaître le nombre de places proposées par la ville et le nombre de demandes des parents. Nous verrions ainsi si l’offre et la demande coïncident et si l’unique soucis, en train de se résoudre semble-t-il, vient de Kiosque Famille. Nous avions déjà posé la question en commission de mars 2022 et nous devions avoir une réponse que nous n’avons pas eue, sauf erreur de notre part.
Dans un monde où tout compte, les élus sont attendus sur leur aptitude à prioriser ce qui est utile à l’intérêt général et pas seulement à leur (ré)élection. Vous nous répondrez sans doute que gouverner c’est choisir ; nous vous l’accordons volontiers. Mais vous comprendrez bien que ce débat est l’occasion d’expliquer aux habitants notre vision sur ce qui est aujourd’hui prioritaire. Et pour ce qui nous concerne, nous vous disons :
-que ne pouvons pas ne pas entendre les difficultés des parents pour inscrire leurs enfants en ALSH pendant les vacances,
-que nous ne pouvons pas ignorer la tristesse des lieux de commerces traditionnels de notre ville pour le plus grand bonheur des grand temples de la consommation,
-que nous n’oublions pas nos CSC qui ont besoin d’être soutenus encore plus pour développer des projets au bénéfice des publics fragiles -votre priorité aussi- et habitants des différents quartiers. Nous pensons par exemple au Grand B qui a besoin d’un personnel formé, adapté aux besoins du quartier pour aider les habitants à investir le centre.
-que nous pensons que les associations de solidarités au bénéfice des habitants sur notre territoire doivent être soutenues encore plus.
Nous prenons donc acte de ce ROB qui illustre VOS choix. Nous le respectons : le débat d’orientation budgétaire est un moment où chacun peut exprimer sa vision et peut aussi prendre connaissance des avis des oppositions. Merci de votre attention.
Catherine MANZANARES et Sébastien ALIX