Mardi 1er mars prochain, les agents municipaux de la ville de Saint-Herblain se mobiliseront pour réclamer une revalorisation des salaires et de meilleures conditions de travail. Dans Ouest-France du 25 février les agents revendiquent « des conditions de travail décentes » et soulignent «une violence managériale ». Et le titre du tract par le syndicat SUD qui appelle au mouvement exprime clairement le malaise : « une qualité de travail en berne, un bien-être au travail tombé dans les oubliettes, manque de reconnaissance au travail généralisé à la ville de Saint-Herblain ! ».
Elus il y a deux ans bientôt, nous avons pu constater, en sillonnant le terrain, un malaise croissant au sein des personnels de la ville de Saint-Herblain ainsi qu’une dégradation de la qualité du service public rendu aux Herblinois et Herblinoises. En tant qu’élus-employeurs responsables, nous sommes vigilants sur les conditions de travail des agents ; en tant qu’élus au service des habitants de notre ville, nous sommes inquiets de cette situation. Inquiets aussi de voir que le dialogue social est bloqué dans une ville gérée par une majorité qui s’enorgueillit d’être sociale et solidaire. Nous avons par quelques exemples pu constater cette dégradation lente aux répercussions sur le bon fonctionnement des services municipaux.
Lors du vote au Conseil Municipal de juin 2021 de la délibération consacrée à « l’application des 1607h dans le cadre de la réforme de la Fonction Publique » imposée aux Collectivités territoriales, nous avons actionné la sonnette d’alarme et avons voté contre les choix de mise en œuvre de la loi par un accord signé par la CFDT ouvrant à une réorganisation totale des services. Accord assumé par les élus de la majorité. Aujourd’hui, les conséquences de cette mise en place aux forceps renforcent un mal-être des agents municipaux. Aujourd’hui ces choix ont des conséquences sur le service rendu à la population.
Prenons l'exemple des services du périscolaire. Depuis novembre 2021 de nombreuses grèves des agents émaillent les semaines des parents qui doivent trouver sans cesse des solutions de garde pour leurs enfants sur les temps du matin, du midi et du soir. Nous mettons entre parenthèses ici la période « Covid » de ce début d’année pendant laquelle la ville a dû faire des choix compliqués de fermetures à tour de rôle. Nous avons d’ailleurs soutenu le choix de la ville ; il fallait ici faire du mieux possible dans une situation très compliquée.
Les dysfonctionnements actuels des services du périscolaire sont dus aux incompréhensions entre les agents et le service des Ressources Humaines notamment : grande précarité des agents du périscolaire, un certain mépris par exemple lors de l’attribution de la prime COVID refusée aux assistantes maternelles et aux animateurs contractuels qui furent pourtant parmi « les 1er de corvée » en cette période de crise. En outre, certains animateurs attendent toujours que leur BAFA soit pris en charge -comme promis dans un courrier du service RH- afin de leur permettre de travailler plus, donc d’avoir des revenus au-dessus du seuil de pauvreté. Voici ce que nous a dit un agent : « Si je passe le BAFA, cela améliorerait ma situation personnelle et celle de mes collègues ainsi que celle de tout le service périscolaire même si ce n'est que modestement. Ma situation est précaire tandis que l'animation périscolaire se trouve en sous-effectif constant, temps du midi et temps du soir confondus. » Résultat : des agents qui souffrent et des parents qui font des pétitions tellement ils sont fatigués de subir un service public dégradé.
Autre exemple concernant cette fois-ci l'aide aux devoirs du soir sur le temps périscolaire. Voici maintenant de nombreux mois que les enfants n'ont plus d'aide aux devoirs. Or nous apprenons dans un article de presse de France 3 Pays-de-Loire qu’une grande association de sport herblinoise offre un service d’aides aux devoirs pour ses petits adhérents. « Depuis octobre 2021, un temps d’accompagnement scolaire, avant l’entrainement de foot, les lundis, mardis, jeudis, vendredis. (…) 2 fois par semaine, les enfants qui le souhaitent, à la sortie de l’école, se retrouvent pour un goûter suivi d’une heure de travail (…) Ils sont 25 parfois 30. » Et des élus de la majorité de s’en féliciter ! Nous posons donc la question : est-il normal qu'une association sportive (sponsorisée aussi par sa Fédération dans ses outils fournis aux élèves) fasse le travail qui devrait être fait par des agents du périscolaire ? La question est évidemment vite répondue ! Cela traduit un abandon de la ville de ce service si important pour les enfants qui en sont bénéficiaires. Alors si nous nous félicitons que cette association trouve des solutions pour ses adhérents –son investissement auprès de ses jeunes est louable- nous sommes assez perplexes de voir que la majorité s’en félicite, alors que cela relève de sa mission.
Autre exemple : nous entendons parler de « France Services » proposition du gouvernement Castex. Il y a un besoin de proximité, les gens sont en attente, il y a une fracture numérique évidente, une déshumanisation dans les formalités, un besoin d’être soutenu dans les démarches administratives. Et nous nous félicitons que la ville de Saint-Herblain s’en saisisse pour apporter un service de proximité à ses habitants. Mais dans un article Ouest-France daté du jour de l’ouverture, l’élu concerné explique que les moyens donnés par l’état ne financent ni les salaires de 4 agents, ni le chauffage, ni l’électricité. Traduction confirmée sur le terrain : les agents de la ville seront ceux à qui on va demander plus à moyens constants. Souscrire cette proposition part d'une bonne intention mais cela doit être fait dans un dialogue social (répartition du travail entre les agents, l’accueil d’usagers supplémentaires qui peuvent venir de villes voisines, taille et adaptation des locaux utilisés).
Et que penser aussi, concernant les services d’Etat-Civil, que la ville de Saint-Herblain ne puisse pas donner de rendez-vous pour refaire ses pièces d’identité ? A ce jour, 28 février, impossible d’avoir un créneau pour refaire ses papiers. Et cela dure depuis des semaines. Au téléphone, il est même conseillé aux habitants de voir avec une autre ville de la métropole. Nous sommes une ville de 47 000 habitants, la 2ème de la Métropole. Pourquoi cette impossibilité de donner des rendez-vous ? Nous avons posé la question, nous n’avons reçu aucune réponse.
Alors on nous rétorquera sans doute que nous ne sommes pas aux manettes. Nous allons aussi entendre qu’en cette période électorale nous avons des arrière-pensées politiques. Nous savons certes que cela fait partie du jeu. Simplement, notre constat est factuel, vérifiable et partagé : nous avons une population herblinoise qui n'a pas le service rendu auquel elle a le droit de s'attendre. Et nous affirmons la chose suivante : à la ville de Saint-Herblain ce n'est pas le travail qui manque mais c'est l’organisation de ce travail qui pèche avec pour conséquences des besoins de la population non satisfaits et des agents qui sont en souffrance.
Catherine MANZANARES et Sébastien ALIX
28 Février 2022