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Vœu sur l'école prioritaire

Monsieur Le Maire, chers collègues,

Herblinoises, Herblinois,


Le groupe Saint-Herblain d'abord soutient le vœu porté aujourd'hui concernant l'école prioritaire.

La demande de renforcer les efforts de la nation envers l'Ecole est légitime ; nous connaissons tous les manques de moyens humains et financiers pour que l'Ecole fonctionne comme elle le devrait et nous en voyons les conséquences. Sans oublier que les gouvernements successifs et leurs ministres -plus attachés à réformer en cassant le travail du précédent pour laisser une trace dans l'histoire- ont été mauvais sur ce sujet. Le classement PISA qui mesure les connaissances et compétences acquises des jeunes et la performance des systèmes éducatifs des pays OCDE a mis la France à la 26ème place sur 70 en 2019.


De plus, la Cour des Comptes a constaté en 2018 que l’éducation prioritaire, telle qu’elle a été mise en œuvre jusqu’à cette date, n’avait pas atteint son objectif. Le constat n’est donc pas bon et le déterminisme social est toujours là. Pourtant depuis 1981, date de la création de « l’école prioritaire », une dizaine de mesures ou de réformes se sont empilées : les EP, les ZEP, les établissements sensibles, les REP, les REP+, les RAR, les RSS, les ECLAIR, etc… sans compter qu’en 2014 des écoles sont sorties des REP alors qu’elles répondaient au critère pour la simple raison que leur collège de rattachement n’était, lui, pas labellisé. Et une même critique ressort chaque fois : le manque de moyens (financiers, humains, de formation) alloués.


Si on lit avec attention les préconisations de la Cour des Comptes en 2018, le gouvernement actuel a mis en place des actions en réponse à certaines d’entre elles : le dédoublement des classes dans les réseaux REP+, la scolarisation précoce des élèves par exemple. Les CLA dont on parle ici –les Contrats Locaux d’Accompagnement- sont aussi une des réponses aux préconisations rapportées au Ministre Blanquer. L’objectif affiché est de mieux cibler les besoins de chaque établissement, d’apporter de la souplesse par le biais de la contractualisation en 3 ans entre les établissements et les Rectorats.


Mais la mise en place des CLA produit selon les syndicats et observateurs de la vie éducative des effets non souhaitables : elle instaure un principe de contrat entre un établissement et le rectorat, favorise la culture du résultat et met ainsi les établissements en concurrence ; enfin elle efface le territoire en supprimant les REP et diminuant au passage les moyens alloués. On est dans l’individualisation et non plus dans une gestion de territoire. L'Observatoire des Zones Prioritaires en 2022 relate, je cite, « une tentative d'en finir avec au moins les REP et une preuve de mépris des efforts réalisés sur le terrain ». Sans sous-estimer l’intérêt de cette démarche qui permet de rompre avec un sentiment d’abandon institutionnel, de prendre en compte ce qu’on appelle les écoles orphelines, notamment en milieu rural, les écoles et établissements soulignent que les CLA interviennent sur l'engagement des familles, l'absentéisme des élèves, mais pas sur la pédagogie en classe.


Nous comprenons donc les inquiétudes des parents et professeurs des écoles herblinoises qui souhaitent passer en REP+ puisque les CLA ne garantissent pas les moyens sur la durée, et que les REP sont amenées à disparaître. La pression sur les écoles est forte.


Mais nous voudrions souligner ceci :


L'éducation a 4 composantes : l’éducation aux savoirs, l’éducation du citoyen, l’éducation à l’esthétique, l’éducation du sujet (des individualités). L'école est actrice de ses 4 composantes mais elle a besoin, surtout au vu du contexte actuel, du soutien des autres acteurs de l'éducation. Car l’éducation ne s’arrête pas à la porte de la classe. Les acteurs de l’éducation, ceux qui participent à la continuité éducative, sont entre autres :

-les familles bien évidemment en 1er lieu : on parle de coéducation.

-les associations : elles sont actrices de l'éducation à l'esthétique, de l'éducation du sujet et du citoyen.

-les communes pour ce qui concerne le 1er degré : par le biais du périscolaire qui permet de développer l'éducation du sujet par des activités ludiques, de continuer l’éducation aux savoirs avec l'aide aux devoirs, de contribuer à l'éducation du citoyen avec les interventions sur le harcèlement, l'environnement par exemple. Je pense aussi aux activités de loisirs avec les ALSH qui contribuent à l'éducation du sujet, au développement des individualités.


Les communes ont donc, elles aussi, tout comme l'Etat montré du doigt dans ce vœu, un rôle central. Elles doivent donc, elles aussi, tout comme l'Etat sollicité dans ce vœu, mettre les moyens notamment sur les quartiers prioritaires. D’ailleurs, en octobre 2020, nous avons voté pour signer une convention triennale dans le cadre des « Cités Educatives », dont bénéficient la Rabotière, la Sensive et la Bernardière. Cela veut dire que nous sommes convaincus que chacun a un rôle à jouer. Les Cités Educatives visent en effet à intensifier les prises en charges éducatives des enfants et des jeunes, de 0 à 25 ans, avant, pendant, autour et après le cadre scolaire. Elles consistent en une grande alliance des acteurs éducatifs travaillant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville : services de l’État, des collectivités, associations, habitants.


Il faut donc que les communes soutiennent les familles dans leur rôle d'éducatrices en leur offrant un cadre de vie serein plus propice au travail d'éducation familial. La tranquillité publique, la qualité du cadre de vie doivent être améliorées pour un environnement plus apaisé. Les collectivités locales ont donc un rôle à jouer par exemple dans la gestion de l’habitat, dans sa répartition en évitant les « quartiers ghettos » et les « quartiers bobos ». Renforcer la mixité sociale pour atteindre une mixité scolaire est nécessaire.


Il faut aussi que les communes encouragent les associations socio-culturelles, culturelles, sportives dans leur travail de lien social et de laïcité, dans leur rôle d'éducatrices du citoyen et du sujet. Elles agissent auprès des familles (je pense aux actions contre l’illettrisme, à celles pour lutter contre la fracture numérique ou encore à celles pour aider à la parentalité) ; elles agissent aussi auprès des enfants dans la continuité éducative. Nous voyons par exemple fleurir depuis quelques temps les propositions d’aide aux devoirs à leurs petits licenciés par des clubs de foot sur notre ville.


Il faut bien sûr valoriser mieux les agents aussi, ceux sans qui les actions en périscolaire ne pourraient exister et qui sont de véritables co-éducateurs. Mettons les moyens humains nécessaires au périscolaire et aux activités de loisir et reconnaissons leur travail. Evidemment la précarité n'est pas facilitatrice.


Alors nous soutenons le vœu émis aujourd’hui. Mais montrer que l'on n'abandonne pas les habitants des quartiers prioritaires en expliquant que l'Etat ne fait pas tout ce qu'il faut dans le domaine de l’Ecole est une chose, mais cela ne doit pas dédouaner les élus locaux de ce qui leur incombe. Les communes par leurs décisions quotidiennes participent aussi à l’évolution de l’écosystème qui pourra réduire les inégalités de destin.


Je vous remercie. Catherine MANZANARES



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